Pour cette interview, on part en Egypte, rejoindre Rebecca qui réalise un VIA au Caire. Alors déjà, qu’est-ce qu’un VIA? Un VIA c’est l’acronyme pour Volontariat International en Administration, exactement pareil qu’un VIE mais le VIA est une mission dans le public et non en entreprise. Vous en saurez plus dans cette interview sur cette expérience qui permet aux jeunes de s’expatrier souvent le temps d’une année ou deux. Elle nous parle également de sa vie en tant que femme au Caire, une ville où elle se sent bien. Je vous laisse découvrir son interview!
Présentations et pourquoi l’Egypte ?
Bonjour Rebecca, peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je m’appelle Rébecca, j’ai 26 ans. Depuis 1 ans et 4 mois je suis chargée de mission communication (VIA) pour l’Institut français d’Egypte et le Service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France en Egypte.
J’ai eu envie de témoigner concernant mon expérience en VIA et notamment pour tout ce qui est en lien avec la procédure de recrutement car lorsque j’ai postulé j’ai eu des difficultés à trouver des informations à ce sujet.
Pour expliquer comment j’en suis arrivée à cette expérience d’expatriation je vais rapidement expliquer mon parcours. Après deux ans de prépa littéraire et une année de licence d’histoire, je décide de partir en Angleterre, à Bristol, comme fille au pair, c’est d’ailleurs là bas que j’ai rencontré Nina ! En rentrant j’intègre un master de stratégie du développement culturel mention médiations de la culture et des patrimoines au cours duquel je dois rédiger un mémoire.
Passionnée depuis toujours par le patrimoine et l’art amérindien je décide d’étudier l’exposition de ce patrimoine dans une institution américaine : le National Museum of the American Indian, où j’arrive à obtenir un stage afin de pouvoir faire mon étude de cas. Une fois mon master terminé, je réalise un service civique dans un centre d’art contemporain, le Cairn, centre d’art dans le sud de la France où je suis chargée de la communication et du développement des publics. C’est à 25 ans que je décide de postuler pour un VIA.
Le VIA, quelques conseils :
Pour rappel, le volontariat international en administration (VIA) permet, sous certaines conditions, à des jeunes de 18 à 28 ans de participer à l’action de la France dans le monde dans de nombreux domaines. Toutes les offres de VIA et VIE (volontariat international en entreprise) sont à retrouver sur le site civiweb, elles sont classées par domaine.
J’en profite pour donner tout de suite quelques petits conseils lorsque vous postulez. Les annonces apparaissent sur le site, parfois seulement trois jours, si vous voulez absolument un VI il faut penser à regarder le site chaque jour et surtout postuler rapidement.
Il y a une procédure assez stricte qui est expliquée sur le site, elle n’est pas difficile à appliquer mais il faut bien la respecter pour que vos candidatures soient acceptées (adresse mail à laquelle envoyer la candidature, objet du mail, etc.).
Enfin, pensez à enregistrer la fiche de poste à laquelle vous postulez car même enregistrée sur le site elle disparaît lorsque l’offre est supprimée (c’est du vécu !).
Pour les candidatures, en tout cas dans les Instituts français (IF), un master et une expérience à l’étranger font souvent la différence.
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Pourquoi avoir choisi de faire un VIA / VIE et pourquoi l’Egypte ?
Lorsque j’ai postulé en VIA, je rentrais d’un voyage de deux mois en Asie pour rendre visite à une amie qui était en service civique à Ho-Chi-Minh. En rentrant, j’ai eu très envie de repartir. J’ai donc postulé à une dizaine de postes tous dans le domaine de la culture dont quelques VIA. Durant cette période de recherche d’emploi j’ai toujours privilégié le poste plutôt que le pays, et finalement le hasard fait bien les choses !
Le Caire est le premier poste auquel j’ai postulé, quelques semaines plus tard j’ai été contactée par le RH de la zone Moyen-Orient pour un premier entretien à Paris, puis un second avec le directeur de l’IF Egypte et ensuite tout est allé très vite dans les procédures administratives !
Ton ressenti sur cette expatriation
Est-ce que c’est une première expatriation pour toi ? As-tu rencontré des difficultés depuis ton arrivée ?
J’ai envie de répondre oui et non à cette question. J’ai vécu deux expériences à l’étranger, hormis mes voyages, avant l’Egypte. La première, en 2014, j’ai été fille au pair à Bristol (RU). La seconde, en 2017, pour un stage de trois mois à Washington (USA) au National Museum of American Indian (Smithsonian Institution).
Ces deux expériences ont été évidemment très formatrices pour moi, autant dans ma construction personnelle que professionnelle, mais elles sont aussi très différentes de l’expérience que je vis maintenant.
Pour les Etats-Unis j’ai été confronté à beaucoup de difficultés administratives (visa etc.) que j’ai dû « affronter » seule, alors que pour le VIA c’est le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères qui s’en charge donc ça m’a paru très facile !
Mes deux premières expériences étaient dans des pays où la culture est relativement similaire à la nôtre, dans les codes sociaux, le mode de vie, etc. En Egypte, j’ai dû déconstruire beaucoup d’idées reçues et découvrir une culture à laquelle j’étais complétement étrangères même au niveau de la langue.
Parlais-tu arabe avant de t’installer en Egypte ? Peut-on s’en sortir en parlant juste anglais ?
Lorsque je suis arrivée en Egypte je ne parlais pas du tout arabe que ce soit l’arabe classique (fusha) ou le dialecte égyptien (ammiyya). Un an plus tard, je ne suis absolument pas bilingue en arabe, je me débrouille pour me faire comprendre des taxis, de mon bawab (gardien d’immeuble), etc.
Très honnêtement je regrette de ne pas pouvoir parler arabe plus couramment car je crois que la langue permet de comprendre beaucoup d’une culture, en plus le dialecte égyptien est très beau, plein de métaphore ! Dans le quotidien en Egypte, parler arabe est vraiment un plus car tout le monde ne parle pas anglais (taxi, bawab, vendeur etc.), sauf dans les lieux touristiques, notamment à Louxor et Assouan où là tout le monde parle couramment plusieurs langues. J’ai même vu une guide parler coréen dans un temple à Abu Simbel ! Les égyptiens sont extrêmement gentils, serviables et très drôles alors même si l’on ne se comprend pas on arrive quand même toujours à rire ensemble !
La réalité c’est que je manque de temps pour apprendre l’arabe, je prends une heure de cours par semaine, c’est relativement peu mais mon travail est assez prenant… J’ai quand même une immersion dans la culture égyptienne grâce à mes collègues égyptien(ne)s (qui parlent parfaitement le français), qui m’apprennent chaque jour de nouveaux mots et m’expliquent leur culture.
Comment as-tu vécu ton expatriation à ton arrivée ? Et maintenant ?
J’ai très bien vécu mon arrivée en Egypte, je n’avais jamais eu un tel accueil en prenant mes fonctions dans un travail. J’ai été très bien entourée par mes collègues égyptien(ne)s (et je le suis toujours !), tout le monde m’aide beaucoup dans mon quotidien dès que j’ai la moindre question. Nous sommes de nombreux VI et expatriés à travailler pour l’Ambassade, donc on est très vite intégrés !
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Dis nous en un peu plus sur la vie en Egypte !
Comment se passe ton VIA en Egypte ? Quelles sont tes missions ?
Comme je l’ai dit je suis chargée de mission communication (VIA) pour l’Institut français d’Egypte et le Service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France en Egypte. Les Institut français ont pour but de contribuer au rayonnement de la culture, de la langue et de l’expertise française en Egypte ; de renforcer la coopération entre l’Egypte et la France dans tous les domaines : éducatif et linguistique, culturel et débat d’idées, universitaire, scientifique et technique. Pour faire bref, mon rôle est de définir une stratégie de communication pour l’IF Egypte et de coordonner l’ensemble de la communication des antennes de l’IFE (5 au total).
Aimerais-tu rester au Caire après ton VIA ? Est-ce que c’est facile de trouver du travail en Egypte ?
La vie est très douce en Egypte, alors oui j’espère rester peut-être quelques mois en Egypte à la fin de mon contrat afin de continuer à explorer les richesses du pays et des pays frontaliers en ayant du temps. Mais je ne me vois pas rester vivre en Egypte pour quelques années de plus. Sur le long terme, Le Caire est une ville qui demande beaucoup d’énergie avec ses vingt millions d’habitants, ses embouteillages et sa pollution. Il y a un proverbe qui dit que si l’on a bu l’eau du Nil, on reviendra en Egypte et je crois que même si je pars ce sera pour mieux revenir !
Comment est la vie d’une femme expatriée au Caire ? Est-ce que tu te sens en sécurité ?
Oui, je me sens très en sécurité en Egypte bien plus que dans certaines villes en France. Après en tant que femme, c’est plus difficile de discuter librement dans la rue avec un égyptien car c’est dans la culture, par respect pour la femme (et son père et / ou son mari) il y a toujours une certaine distance. En tant qu’européenne j’ai beaucoup plus de libertés je crois, mais je fais toujours attention à respecter les coutumes du pays (dans la façon dont je m’habille notamment, etc.)
Qu’en est-il du climat ?
Alors en Egypte il peut faire très chaud, et l’été dure presque 6 mois. Mais j’ai été étonnamment surprise car il peut faire froid en hiver, les maisons n’ont pas de chauffage ni de double vitrage donc on le ressent d’autant plus ! Ma grande surprise ça a été la découverte des khamseen (traduction : 50) c’est à dire les 50 jours durant lesquelles, entre le mois de mars et d’avril, il peut y avoir de violentes tempêtes de sable qui rendent le ciel complétement orange. C’est un phénoméne très beau à observer (même si après il faut faire le grand ménage car le sable s’infiltre partout dans les maisons !)
Quel est le coût de la vie en Egypte ? (par exemple par rapport à la France)
La vie est peu chère en Egypte. En ce moment 1 euro équivaut à 17,20 livres égyptiennes. Pour donner un exemple un trajet en Uber ou en taxi d’une trentaine de minutes c’est environ 3 euros.
En quelques mots dis nous : Un plat typique? Un incontournable au Caire ? Ton quartier favori ? Un bar ou restaurant sympa ?
Un plat populaire égyptien : le koshary ! C’est un mélange de pâtes, de riz et de lentilles avec des pois chiches, des oignons frits et de la sauce tomate ! Une portion moyenne de koshary coûte environ 2 euros, et vous pouvez tenir toute la journée.
Il y a tellement de choses à voir au Caire, c’est difficile pour moi de choisir un seul lieu incontournable, hormis les pyramides (quand même), je dirais le khan el khalili (le souk du Caire) c’est un lieu très vivant où tous les égyptiens se rassemblent, et où de nombreux sites patrimoniaux sont à découvrir comme le Qalawun complex, un site qui comprend une mosquée, une ancienne école et un ancien hôpital !
En ce moment je suis confinée, alors j’avoue que je rêve d’aller boire un verre avec des amis sur un rooftop. Au Caire, les rooftops sont des lieux qui permettent vraiment de voir s’étendre la ville sous nos yeux et de presque toujours apercevoir le Nil !
Est-ce que tu as eu l’occasion de visiter l’Egypte et les pays alentours ?
Oui j’essaie de visiter au maximum l’Egypte, sachant qu’il y a des zones en rouge et en orange sur la carte du conseil aux voyageurs du ministère où je n’ai pas le droit d’aller en tant que VIA. Il y a tellement à voir, les lieux emblématiques sont surtout des sites archéologiques au Caire, à Assouan ou à Louxor !
J’ai eu la chance de pouvoir visiter la vallée des reines et notamment le tombeau de Néfertari épouse de Ramsès II, l’accès au tombeau est très cher (presque 60 euros, ce qui permet de préserver le tombeau en limitant l’accès au public) mais ça reste une des plus belles choses que j’ai vues dans ma vie !
La mer rouge est également incroyable, il y a de nombreux hauts-fonds, et une grande variété de poissons et de coraux !
Bilan de ton expérience
Qu’est-ce qui te plaît dans ta vie au Caire et qu’est-ce qui te plaît moins ?
Je ne vois que des points positifs à cette expérience, ce qui me plait le plus c’est les rencontres avec les égyptiens, ils sont très chaleureux !
Si d’autres personnes hésitent à venir vivre au Caire, leur conseilles-tu de tenter l’expérience ?
J’aimerais beaucoup changer la vision que l’on peut avoir de l’Egypte en France et Europe, on parle souvent d’insécurité etc. mais honnêtement je ne me suis jamais sentie en insécurité en Egypte. C’est un pays incroyable très riche culturellement, et les égyptiens sont vraiment étonnants.
J’aime l’appel à la prière du muezzin qui rythme nos journées ; les balades en felouque (bateau) sur le Nil lors du coucher du soleil ; les découvertes archéologiques ; les eaux turquoises de la mer Méditerranée ; les récifs coralliens de la mer rouge ; les excursions dans le Fayoum là où il y a des terres agricoles ; les longs trajets sur les routes désertiques ; la saison des flamboyants lorsque toutes les arbres des rues se couvrent de fleurs rouges ; les iftars chez les amis pendant le Ramadan ; les personnes qui vivent et travaillent dans ma rue qui me disent chaque matin « sabr el rir» (traduction : bonjour, qui peut être dit sous toutes les formes : bonjour de lumière, bonjour de jasmin, etc, j’adore !) et « masalama » (traduction : au revoir) chaque soir ; la vie de quartier et tous ces petits commerces (repasseurs, couturiers, vendeur de tout et n’importe quoi, cireur de chaussures, épiceries où on peut aller payer sa facture de téléphone) les rencontres au café halawa ; les atmosphères festives à chaque coin de rue ; les livraisons à toute heure du jour et de la nuit ; le houmous acheté à l’épicerie syrienne et toutes les expériences culinaires que l’on peut faire ici ; la bienveillance et leur humour des égyptiens ; je m’arrête là car la liste pourrait être encore très longue !
Un grand merci Rebecca d’avoir accepté de répondre à ces questions ! Je pense que tu vas donner envie à beaucoup de personnes de partir en VIA ou VIE après ce témoignage très positif 😊